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Le rôle du port

Dès le début du conflit, le port de Dunkerque, par sa situation, est amené à jouer un rôle de premier plan dans le ravitaillement de la région, mais aussi de l’armée engagée sur le front de l’Yser, de Nieuport à La Bassée.

Il devient rapidement l’immense magasin de l’armée des Flandres, capable de fournir les rations quotidiennes à plus de 200 000 hommes et 60 000 chevaux. Afin de protéger les infrastructures du port, Le front de mer de Zuydcoote au Clipon est armé de 60 pièces d’artillerie allant du 320m/m à grande puissance jusqu’au 95m/m à tir rapide.

Par trains et bateaux entiers, les réserves arrivent sur la zone portuaire où elles sont stockées : farine, riz, sel, sucre, café, tabac, conserves pour les hommes mais aussi foin et avoine pour les chevaux.

3 000 bœufs sont ainsi parqués sous surveillance militaire à Saint-Pol-sur-Mer, assurant de la viande fraîche aux troupes. Mais, de plus en plus, c’est de la viande réfrigérée en provenance d’Angleterre et même d’Australie qui sert à fournir les 300 000 rations expédiées quotidiennement de Dunkerque vers le front.

Dunkerque est devenu le garde-manger de l’armée du nord.

L’intérêt du port ne se limite cependant pas à sa fonction nourricière. Base navale, il abrite de nombreux bâtiments de guerre, français ou anglais : patrouilleurs, torpilleurs, dragueurs, poseurs de mines.

En septembre 1915, la base d’opérations navales atteint une taille conséquente. Les monitors anglais font leur apparition en compagnie d’un nombre considérable de bâtiments auxiliaires et destroyers de la "Dover Patrol".

Les escadrilles françaises sont placées sous les ordres du capitaine de vaisseau Exelmans. L’amiral anglais Bacon prend la direction générale des opérations maritimes. L’ensemble est, à partir de 1916, sous les ordres du vice-amiral Ronarc’h.

Durant toute la durée du conflit, l’activité du port se poursuit malgré les attaques sous-marines allemandes. En 1916, la 5e darse est même mise en activité, permettant ainsi d’absorber l’augmentation du trafic portuaire.

Les chantiers de France assurent la réparation des navires de guerre endommagés par les mines et les torpilles. Ils se reconvertissent aussi dans la fabrication de matériel de guerre : grenades, obus, affûts de canons.

Torpilleurs et patrouilleurs mènent la vie dure aux sous-marins allemands; le moindre sillage suspect est canonné furieusement et les périscopes poursuivis avec acharnement.

Au printemps 1916, la guerre de mines prend une importance nouvelle en rade de Dunkerque. Une escadrille de sous-marins allemands est spécialement affectée au mouillage des mines. La Marine française, afin d’assurer la liberté de navigation aux abords de Dunkerque, organise de nouvelles sections de dragueurs de mines.

Le problème de la main d’œuvre se pose rapidement à une époque où toutes les opérations de chargement et de déchargement sont largement manuelles. Sur les 4 000 dockers que compte le port en temps ordinaire, 1 500 sont sous les drapeaux.

On fait appel à du personnel non spécialisé, à des chômeurs, à du personnel militaire, voire à des prisonniers de guerre.

En 1915, la base maritime anglaise, pour pallier le manque de personnel qualifié, décide d’utiliser la main-d’œuvre coloniale. Six cents Egyptiens arrivent à Dunkerque pour travailler sur le port, mais compte tenu de leur effroi lors des bombardements, ils sont rapidement remplacés par des travailleurs Chinois.

On les loge au camp de Saint-Pol. Rapidement, le camp accueille près de 4 000 travailleurs chinois presque tous originaires de la province de Waï-Heï-Weï. Ils travaillent 10 heures par jour, touchant une solde variant entre un franc et deux francs cinquante.

Aux heures de repos, il ne peuvent circuler que dans Saint-Pol. Leurs compatriotes, qui travaillent à l’Usine des Dunes, ne peuvent franchir la limite de Rosendaël.