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Les bombardements

Compte tenu du rôle vital joué par le port de Dunkerque, tant sur le plan militaire que sur celui du ravitaillement, sa destruction est un objectif constant de l’état-major allemand. La première attaque aérienne allemande a lieu le 15 octobre 1914.

Elle inaugure une longue série qui ne s’achève que le 4 novembre 1918. Entre ces deux dates la ville est régulièrement l’objet d’agressions ennemies avec des périodes de tension plus vives notamment à partir d’août 1917 lors de la bataille des Flandres, ou au printemps 1918, avec la dernière offensive allemande.

Le 28 avril 1915, après une accalmie de trois mois, une immense détonation ébranle toute la ville. Deux autres explosions aussi violentes suivent à dix minutes d’intervalle. Comme la sirène reste muette et que les canons de la DCA ne tirent pas, la population croit qu’il s’agit de mines sous-marines que l’on fait sauter sur la plage ou d’expériences faites par les aviateurs alliés.

Dans l’après-midi, trois nouvelles explosions retentissent, les habitants pensent que Dunkerque vient d’être bombardée par un croiseur allemand passant au large. Cependant, des aviateurs envoyés en reconnaissance reviennent sans avoir rien vu. Du front, des observateurs signalent, dès les premières détonations, d’épais nuages de fumée. Les recoupements situent la pièce à 40 kilomètres de Dunkerque près de Predikboom.

Dès le 30 avril, une escadrille réussit à prendre un cliché de la pièce. Une épreuve photographique est envoyée au général Foch à Cassel. Ce bombardement a un retentissement mondial égalé par celui de Paris avec les "Berthas" tirant à 120 kilomètres. Après ces bombardements à longue portée, de nombreux Dunkerquois quittent la ville pour se réfugier à Paris.

Les attaques peuvent survenir aussi bien par mer, par terre ou par les airs.

La ville subit ainsi plus de 175 raids aériens durant la guerre, bombes ordinaires ou incendiaires tombent sur Dunkerque qui est même victime du passage meurtrier d’un zeppelin qui lâche 9 bombes le 2 avril 1916.

Les destroyers ennemis envoient depuis le large des torpilles de taille impressionnante (jusque 300 kilos).

En septembre 1916, les Allemands décident de reprendre le bombardement du camp retranché de Dunkerque avec une batterie tirant à longue portée. Ainsi, ils travaillent à l’aménagement d’une nouvelle pièce à l’ouest de la route d’Ostende à Thourout, près de Leugenboom, à une quarantaine de kilomètres de Dunkerque.

La construction de cette imposante pièce d’artillerie s’achève en mai 1917. Cette nouvelle batterie va, à intervalles irréguliers, bombarder le camp retranché de Dunkerque du 27 juin 1917 au 15 octobre 1918. Son emplacement est masqué à la vue des alliés par un bois, rendant son repérage particulièrement difficile.

Le dimanche 21 mai 1916 à 17 heures, le président de la République Raymond Poincaré, est venu à l’hôpital apporter son soutien aux victimes des bombardements des jours précédents.

Le chef de l’État, accompagné du général Duparge est accueilli à Dunkerque par les généraux Hely d’Oysel et Coutanceau, le vice-amiral Ronarc’h et messieurs Terquem, maire de la ville, et Monteuuis, vice-président de la Commission Administrative des hôpitaux.

Ce dernier a fait part au président de l’exposition quotidienne de la ville aux raids des aviateurs allemands et du danger constant pour l’hôpital et ses nombreux malades.

Le 10 septembre 1917, vers 21 heures, des aviateurs allemands lancent plusieurs torpilles sur le pavillon de la maternité de l’hôpital de Dunkerque, qui est presque complètement détruit.

Six cadavres sont retirés des décombres, quatre femmes accouchées ou sur le point de l’être, un nouveau né et la sœur infirmière. La commission administrative de l’hôpital demande qu’une protestation soit adressée au président du Comité International de la Croix Rouge, pour qu’il puisse la transmettre au gouvernement de Berlin. En novembre 1918, le bilan est lourd : 575 morts dont 262 civils et 1 101 blessés dont 345 civils.